Mots de la fondatrice

Le poème de Molana Djalaleddine Rûmi qui m'accompagne depuis ma plus tendre enfance dit:

 

 

"Tu es ici pour unir, non pour séparer"

 

Et c'est ce qui me fait aimer tous les ponts, celui de l'art en particulier, d'où le nom Art Cantara.

L'art est le langage universel où chacun se retrouve sans besoin de parler, de traduire ni de chercher des équivalents.

"Cantara" signifie pont en arabe.

Bien que d'origine persane, j'ai choisi un mot en arabe pour désigner cette association. En effet, à l'instar du latin dans le monde occidental, la langue arabe a fédéré le monde oriental.

Casser les stéréotypes en général, sur les femmes essentiellement et sur mes sœurs iraniennes. Par la langue de l'art, montrer leur créativité, leur dynamisme et leur modernité. Voici comment est né Art Cantara , ce pont que je ne veux pas à sens unique.

Faisons connaissance:

Je suis arrivée à Bruxelles, à Uccle,
par un après-midi pluvieux de septembre 1966.

A l'époque où je découvrais, à la chapelle, les tableaux de Jésus ensanglanté.
Avant que bien plus tard vous ne découvriez les visages ensanglantés des flagelleurs d'Achoura.

époque où mes amies mangeaient le corps du Christ pour leur rédemption.
Avant que vous ne découvriez que le cochon impur et l'alcool illicite pavent l'enfer!

A l'époque où les gens dans la rue se ressemblaient.
A l'époque où le bus 38 coûtait 7 Francs Belges et où l'Innovation a brûlé.

A l'époque où Maurice Béjart faisait danser "le Sacre du Printemps".
A l'époque où l'on croyait encore aux mystères de la lune.

A l'époque où l'on croyait que mon père possédait un puits de pétrole.
Avant que les craintes de l'Iran vous fassent connaître Bouchehr et Natanz.

A l'époque de la pastèque qui se vendait par petites tranches une fois par an.
Avant que vous ne découvriez la saveur des cuisines d'ailleurs.

A l'époque du Nutella, des Treets et des Choco Prince.
Avant que vous ne découvriez le safran, la coriandre et la pistache.

A l'époque où l'on se souciait du tissu qui couvrait nos jambes.
Avant de découvrir que l'on peut faire de même pour les cheveux.

A l'époque où l'on descendait dans la rue pour la paix.
Avant que l'on ne se mobilise que par pétition sur internet.

A l'époque où nous découvrions l'injustice, l'inégalité, l'humiliation, la Palestine.
Avant de découvrir, hélas, que la Palestine ne sera ni la première ni la dernière.

A l'époque où l'Autre était bienvenu(e).
Avant que l'on ne trouve qu'ils sont "trop" nombreux.

A l'époque où il n'y avait ni Nous ni Vous.
Avant que l'on ne redécouvre Khayam, Rûmi et Forough.

A l'époque où le voyage en Orient était un rêve.
Avant de découvrir ce rêve brisé qu'est devenu l'Orient.

A l'époque où la peur de l'autre n'était pas le sujet de tous les discours.
Avant que vous ne découvriez "Mais où est la maison de mon ami?"*

A l'époque où il n'y avait pas deux rivages et où l'on ne pensait pas encore aux ponts.
Avant que nous ne nous rendions compte que nous sommes tous embarqués sur le même PONT.

*: film du cinéaste iranien Kiarostami à travers lequel le monde a découvert le nouvel art d'Iran.

Les années 2000, l'Iran s'ouvre, le sourire revient sur les lèvres, le beau peut s'exprimer.

Au retour de quelques voyages durant lesquels j'ai assisté à des concerts et pièces de théâtre et ai visité des galeries d'art toutes - étrangement - tenues par des femmes, mes amis belges m'ont encouragée à fonder une association pour montrer cette image "autre" de l'Iran que celle véhiculée par les médias de l'époque.

Art Cantara, qui existe depuis 2001, a participé à plusieurs projets, en tant qu'initiateur, organisateur ou partenaire. Ses domaines d'activité gravitent autour de l'art, des femmes, de l'Iran.

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  • mail: info@artcantara.be