J’arrive à Téhéran par un détour par le Qatar pour éviter les longues heures d’attente dans les aéroports européens (à cause des sanctions imposées par les compagnies pétrolières sur les avions iraniens et l’application réciproque par l’Iran qui n’approvisionne plus en fuel les avions européens,un simple vol de 5h30 se transforme en une odyssée de 12 à 15h). La température est de 29° et chute en 24 heures. Je me retrouve dans un hiver à l’avance, froid et enneigé, brumeux et par-dessus tout extrêmement pollué. A cause de l’extension sauvage de la ville, le nombre effroyable de voitures et l’essence de mauvaise qualité, le nuage de pollution s’alourdit en hiver et les hautes chaines de l’Elbourz au nord de la ville l’empêchent de s’évacuer. C’est un phénomène atmosphérique très courant en hiver à Téhéran, ce qui rend la respiration difficile. Très souvent, il est recommandé aux cardiaques, aux femmes enceintes et aux enfants de ne pas sortir.
Mais je ne me laisse pas influencer par les courants atmosphériques et je continue à me balader dans cette ville et vous faire part de mes impressions et observations.
Je note que
- A la télé nationale les hommes sont sans barbe, le look plutôt séduisant
- Sur les murs plus de fresques de martyrs de guerre, plus de Guide de la révolution mais bien la nature: souvent des cyprès, des jardins traditionnels.
- Les publicités tournent autour des aliments sans cholestérol, sans gras,...
- Les gens frappant de voir que tout le monde est bien chaussé et que les femmes portent de jolis sacs. Tout est «Made in China», à des prix très abordables.
- Dans les banques on voit de plus en plus de gens avec des vêtements de travail poussiéreux qui sont des ouvriers du bâtiment et qui ne sont plus considérés comme des gens pauvres et illettrés - la preuve ils ont de l’argent et un compte en banque et savent s’en servir!
- Au supermarché de même, on les voit venir chercher un sandwich, ou acheter des conserves ou des plats préparés. Ca montre bien que le temps de l'ouvrier qui mangeait uniquement du pain sur son lieu du travail est révolu.
Je retrouve des vieux copains exilés depuis longtemps qui sont de retour au pays pour quelques mois soit pour toucher leur héritage après le décès de leurs parents, soit pour récupérer les terrains qui leur avaient été confisqués au début de la révolution ou subtilisés par les habitants du coin. Dans ce cas-ci, la corruption est tellement grande que de nombreux intermédiaires se font beaucoup d’argent, en soudoyant des juges peu scrupuleux qui ont toute possibilité de revoir des jugements prononcés il y a trente ans lorsque les révolutionnaires croyaient donner la leçon en dépossédant les plus aisés!
Je prends le bus pour descendre jusqu’à la salle Vahdat (l’ex-salle Roudaki, le premier opéra de Téhéran, fondé par le Shah dans les années 60) pour assister au concert de Homayoun Shajarian. Magnifique ensemble formés de jeunes femmes et hommes accompagnant le fils du Maître du chant iranien. Ce Maître adulé est aujourd’hui délaissé par les autorités pour ses remarques osées sur le gouvernement actuel, et ne peut monter sur scène. Heureusement que la relève est assurée par le fils.
Je n’apprécie pas trop ce mélange d’instruments classiques iraniens,de guitare de violoncelle ... qui accompagne le chant classique iranien.
Il est amusant d’entendre tout à coup, dans le calme entre deux mouvements, le chant du muezzin qui appelle à la prière du soir. Une façon de nous faire comprendre de ne pas oublier que c'est l'Islam avant tout.
Une vente aux enchères en faveur de la protection de la faune en voie de disparition est organisée au dernier étage de la Tour Afra (superbe building de vingt étages, sur les collines d’Elahieh, le plus beau quartier de Téhéran où, aux dernières nouvelles, le m² des appartements souvent de 300m² se chiffre à 8.000 €). Drôle de public. Aucune femme présente (la majorité des participantes) ne porte le voile, il y a des toutes jeunes filles sorties tout droit des magazines de mode américains, l’apparence est très chic et snob. Ce sont des Iraniens qui sont partis vivre quelque temps à l'étranger, juste pour acquérir un permis de séjour en Occident, mais qui n'ont rien compris à la culture occidentale, certainement ni le respect de l'autre ni très probablement la démocratie sauf la liberté... de consommation. Ils ont juste été aveuglés par le scintillement extérieur du luxe et de l'opulence et la façade de l'Occident qu’ils copient bien chez eux.
Le chanteur guitariste adulé de Téhéran, Mitoui, s’égorge pour se faire entendre dans le brouhaha des conversations interminables de ce public bavard et indiscipliné. Sans succès!
Je suis sévère dans mon jugement mais l’Iran n’avancera pas avec ces gens, et puis je ne pense pas que les Iraniens aient fait la révolution pour voir revenir la horde qu’ils avaient chassée (moi y compris!).
Apparemment, ce genre de soirée est légion à Téhéran ces derniers temps. On ne voit évidemment pas de photographes attitrés. Ce serait une catastrophe de découvrir des scènes pareilles. Qui plus est, quelle publication en prendrait la responsabilité? C’est pourquoi ces photos circulent sur le Net uniquement.
Et pendant ce temps, les Gasht de Ershad (les brigades de contrôle des codes islamiques) circulent en ville et arrêtent les jeunes femmes dont le manteau est trop cintré ou trop court, dont les cheveux dépassent de quelques centimètres le sacro-saint hejab...
Contrairement aux droits humains et aux droits des femmes, l’environnement reste un sujet non tabou et encore relativement accepté pour être critiqué. Le seul domaine où la société civile peut encore agir et s’exprimer. Plusieurs ONG en ont fait leur objet d’activité. Malgré les arrestations massives lors des manifestations à Oroumieh contre l’assèchement du Lac Oroumieh, un des plus grands lacs salés au monde, les activités civiles autour de ce sujet sont jusqu’à présent tolérées.
J’en ai la confirmation au Khaneh Cinéma* (littéralement «la maison du cinéma», qui joue le rôle de syndicat des cinéastes, et reste, malgré toutes les pressions, un organe indépendant où on peut visionner les films dans leur version originale avant censure, ceci étant évidemment réservé aux gens du cinéma qui en sont membres) lors du Festival des films documentaires. Plusieurs films sur la protection de l'environnement sont projetés. Le film sur Shourdel, le lac salé près d’Ardebil, est intéressant. On a dévié un fleuve vers ce lac et, depuis, il n'est plus salé, il gèle en hiver et la faune a émigré. Tout ça pour un projet de pisciculture complètement raté et abandonné depuis. Un cadeau du temps du gouvernorat de Ahmadinejad.
Dans le domaine du cinéma réalisé par les femmes, les jeunes documentaristes me font remarquer qu'il n'y a souvent pas de réflexion derrière les films documentaires. On montre juste un sujet ou un événement, sans interroger, sans interpeller. Il y a un manque de recherche en amont.
Parmi ces nombreuses cinéastes femmes, il n’y a pas eu un seul long-métrage réalisé. Nous nous demandons pourquoi. Je leur explique qu’en Belgique la situation n’est pas bien meilleure. Il faut aller chercher la raison dans les commissions qui octroient les budgets, dans la vie quotidienne qui oblige les femmes à s’occuper de leur famille, des enfants,...Ce qui réduit leur possibilité et leur ambition?
Khaneh cinéma est un véritable espace de liberté. Le dernier documentaire de Jafar Panahi, « Ceci n'est pas un film» a été présenté en sa présence et celle de la famille du co-réalisateur, Mojtabah Mirtahmasseb, emprisonné. Dans la cour du Khaneh Cinema, je rencontre plusieurs documentaristes qui avaient été en prison pour avoir vendu leurs films à la BBC et viennent d’en sortir. Des bribes de conversation que j'entends portent sur la façon dont ils ont été interrogés,dans quelle cellule ils étaient détenus, qui était leur interrogateur,... On aurait dit un rassemblement d’un parti politique après un coup d’Etat et non un lieu hautement culturel!!
C’est l’anniversaire de la prise de l’ambassade américaine fêtée en grandes pompes chaque année et baptisée «Journée contre l’arrogance». Cette année, les autorités ont récupéré à merveille le slogan «we are 99%» pour dénoncer encore plus l’arrogance exercée par les Etats-Unis contre ses propres citoyens. Depuis l’annonce par les Américains d’un complot iranien contre l’ambassadeur de l’Arabie Saoudite à Washington, les slogans habituels ont pris une tournure encore plus frappante. A côté des habituels «Mort à l’Amérique et à Israël», on pouvait entendre la foule scander «Personne ne peut toucher à notre pays», «Nous sommes ici pour montrer notre poing contre les Américains»,...Chaque événement nourrit l’anti-impérialisme des manifestants. Du pain bénit pour les dirigeants qui ont besoin de semer l’idée que le pays est en danger et que l’ennemi est là, omniprésent!
Nous sommes à la veille du mois de Moharram, le mois sacré de l'Islam chiite. Tout le monde est mis en garde par les spots radios et les pancartes en ville informant les femmes qu’il ne faut pas mettre de rouge à lèvres, à ne pas porter de vêtement de couleur vive... La ville est décorée en noir, quoique cette année il y ait un certain esthétisme déployé avec des couleurs. Le rouge, pourtant couleur de Yazid, le meurtrier de Hossein, a remplacé le vert de l’Islam (symbolisé par le mouvement «vert» de Moussavi, protestant contre les résultats des dernières élections présidentielles de 2009). Des mains sur des sticks, drapés dans des tissus en rouge et or font partie des nombreuses installations dressées sur les places importantes de la ville. Et j'avoue que ça montre une certaine recherche et c’est parfois joli.
J’épluche les journaux et magazines dans l’espoir de trouver des critiques sur les oeuvres d’art exposées dans la centaine de galeries d’art de Téhéran. En vain puisqu’il s’agit uniquement des articles informatifs et je m’aperçois qu’en Iran il est inconvenant de critiquer des oeuvres artistiques. C'est considéré comme impoli, d'où le travail extrêmement difficile des critiques d'art. Il y en a très peu et, en général, assez mal vus.
Le problème numéro un en Iran, ce sont les jeunes sans emploi. D’après les dernières statistiques officielles, un jeune sur quatre serait sans emploi. S’agissant des universitaires, c’est encore plus important.
Je découvre l’expression: il travaille chez son oncle (c’est-à-dire qu’il ne fait rien, il glande)!! Ca démontre encore et toujours cette solidarité familiale qui existe dans l’Iran d’aujourd’hui malgré son avancée à grands pas vers la modernité et l’individualisme qui s’en suit. Le concept de la communauté est encore important et les gens ne se sentent pas seuls, même s’ils sont dépourvus de revenus pendant un certain temps. Ils savent qu’ils peuvent compter sur la famille, les voisins, les amis. Chacun n’est pas pour soi, mais Dieu est pour tous, et je suis à chaque fois surprise de la foi des Iraniens (toutes classes confondues) en un Dieu Clément et aussi par leur côté fataliste.
C’est peut être aussi ceci qui leur enlève toute velléité de soulèvement ou de protestation. C’est le Karma hindouiste interprété à l’iranienne, sauf qu’ici il n’y a pas de réincarnation pour vivre des temps meilleurs la prochaine fois!!
La tour Azadi (ex-Shah Yad) a définitivement cédé la place à la nouvelle tour Milad, enluminée comme un bijou, haut perchée et visible de toute la ville à condition que la pollution le permette.
Une tour à l’image du nouvel Iran post-révolutionnaire, où on n’a pas lésiné sur le luxe et où il n’y a pas de place pour les enfants précarisés de la République Islamique. Ceux qui peuvent s’y rendre, c’est pour assister à des concerts où l’entrée tourne autour de 100 dollars et où l’un des desserts servis (avec des pépites d’or) au restaurant tournant du dernier étage s’élève à 450 dollars.
On a effacé l’image de la Tour Azadi qui était le symbole des manifestations contre les élections présidentielles très contestées de 2009. Les images de ces jours-là évoquaient des rassemblements de millions de personnes autour de cette Tour. La pauvre, elle va être jetée bientôt dans les «poubelles» de l’Histoire iranienne.
Ce sont les préparatifs d’Achoura (le concept du martyre dans l’Islam chiite tire son essence de cette bataille, qui opposa, dans les premières décennies de l’Islam, le petit-fils de Mohammad et ses 72 acolytes à l’écrasante armée des Omeyyades. Cette bataille qui se déroula à Kerbela, aujourd’hui sur le territoire irakien, marque la résistance face à l’oppresseur. C’est le point d’orgue du chiisme célébré chaque année et rassemblant des processions de milliers de personnes en deuil).
Les commerçants sont sollicités pour y participer. C’est ainsi que vous verrez le luxueux Villeroy & Boch, qui présente dans ses vitrines une superbe table dressée avec des couverts et assiettes très haut de gamme brusquement traversée par une banderole noire avec des versets calligraphiés du Coran.
Toute la ville est transformée en un immense lieu de prière et de lamentations. Les vêtements avec des couleurs vives et gaies, le maquillage des filles, etc. sont absolument interdits. Vous pouvez manger et boire gratuitement durant ces deux journées de deuil les offrandes des gens dont le voeu a été exaucé. A noter que si, dans le temps, le v?u le plus cher était la naissance d’un enfant ou la guérison d’un proche, aujourd’hui c’est l’emploi pour le fils ou un visa pour les USA...
Je suis amenée à entreprendre quelques travaux de rénovation dans l’appartement hérité de mes parents. Expérience inédite pour moi, qui n’ai jamais fait ce genre de travail, ni en Belgique ni ici.
Alors surprise surprise, le plombier vous laisse avec tous les tuyaux défectueux remplacés en plein dans le salon, le peintre vous laisse sa dizaine de pots à moitié remplis, le carreleur avec les sacs de ciment à moitié entamés... Je comprends que ce n’est pas dans leurs habitudes de les emmener. On vous laisse tous ces produits, que vous avez évidemment payés, pour le jour où vous en auriez besoin! Parlons de l’heure iranienne qui est assez particulière: l’exactitude n’est pas une valeur ici. Alors, lorsque vous voulez effectuer plusieurs choses en une journée, il vous faut quand même prévoir un horaire. Cet horaire est alors étrangement avancé, c’est-à-dire que, quand vous donnez un rendez-vous au plombier ou un autre corps de métier, au lieu de se présenter à l’heure convenue, il viendra une demi-heure à l’avance, et c’est vous qui passez pour quelqu’un qui n’est pas ponctuel!
Je note un point positif et appréciable: tout est en stock. Vous commandez des carrelages. A peine choisis, ils sont livrés dans les deux heures qui suivent. La machine à laver qui tombe en panne: le dépanneur est dans votre appartement quelques heures après. Ceci nous change de Bruxelles avec ses délais de livraison de huit semaines et ses dépanneurs ou plombiers qu’il faut attendre éternellement...
En Europe, j’ai l’impression de participer à la vie internationale. Je partage les soucis, les bonheurs, les découvertes, les points de vue de tous les continents. En Iran, les gens partagent l’international dans la consommation et se soucient peu de comment les autres pays avancent, fonctionnent ou dérapent.
Dois-je imputer ceci au fait que les portes d’entrée du pays sont fermées ou bien que les étrangers sanctionnent ce pays aussi sur le plan culturel et artistique? En tous cas, là où vous ne vous sentez pas dépaysé, c’est dans la consommation des produits alimentaires. Il est sidérant de voir toutes les marques de biscuits, café, chocolat, bonbons, boissons (non alcoolisées, bien évidemment) à l’étalage de la moindre petite épicerie de Téhéran. Question cosmétiques, il y a eu dernièrement des statistiques qui plaçaient l’Iran parmi les plus grands consommateurs de produits cosmétiques. Vous trouvez tout ce que vous connaissez et tout ce que vous connaîtrez dans les très nombreuses boutiques style Paris–XL de la ville, ce qui m’évite d’emmener dans mes bagages ma solution micellaire tellement efficace mais tellement lourde.
C’est vrai que les filles se maquillent beaucoup. C’est joli mais bon, à Bruxelles, ce genre de maquillage, on doit le trouver dans les bars le soir ou sur des scènes de spectacle. Il y a plusieurs études sur ce sujet qui attribuent cet engouement excessif pour le maquillage au manque d’estime de soi. En se maquillant ainsi, les filles essaient de combler toutes les humiliations qu’elles subissent en tant que femme.
Les hommes, dans le genre, ce n’est pas mal non plus. Les jeunes, surtout, ont souvent les sourcils épilés, ils font très attention à leur corps, la pratique du body-building est très prisée.
Téhéran est une mégalopole qui est en train d’exploser par le nombre d’habitants, de voitures, de pourcentage de dioxyde de carbone par cm3. Mais tout le pays y déverse ses hordes de chômeurs qui tentent de trouver un petit boulot qu’ils ne trouveraient même pas dans les petites villes.
L’agriculture est au plus mal, la plupart des fruits sont importés: les oranges d’Egypte, les mandarines de Haifa!!, le raisin du Chili. La mer Caspienne s’est vidée de ses poissons, alors on mange du saumon de Norvège, du cabillaud du Chili, en surgelés et emballés dans des usines iraniennes.
Je ne peux pas rester indifférente au fossé qui sépare les classes sociales. Des fortunes colossales se sont bâties avec l’argent du pétrole, de la corruption, de détournement de fonds publics. Le fondateur de la révolution doit se retourner dans sa tombe en voyant qu’au nom de la justice et de l’équité ses confrères ont oublié le petit peuple et leurs fils roulent en Porsche et Maserati sans vergogne dans les rues de cette ville.
L’Union Européenne joue à je t’aime moi non plus avec l’Iran, en attendant des sanctions plus importantes à partir de janvier. L’ambassade de Pologne qui exerce la présidence actuelle a organisé, dans le Centre Culturel de Niavaran, une petite exposition nommée « Les influences de la Perse sur la culture, l’art et la science européens». Quinze pays de l’Union ont participé en mentionnant une oeuvre. Par exemple, la Slovénie avec le livre sur Alamut, retraçant la vie de Hassan Sabbah dans la forteresse d’Alamut de Vladimir Bartol ou bien l’Autriche avec la photo du pavillon iranien lors de l’Exposition internationale de Vienne en 1873 ou la France avec les oeuvres de Henri Corbin, qui a été le directeur de l’Institut des Etudes iraniennes à Téhéran en 1955 et qui a édité de nombreux livres sur les mystiques Molla Sadra et Sohrevardi.
C’est une belle initiative que je salue, et que «Ex oriente lux» (la lumière vient de l’Est) soit.
Fery Malek-Madani- 25.12.2011
*Depuis la remise de cet article, Khaneh Cinéma a été tout simplement fermé malgré les protestations de tous ses membres